Que faire des archives d'un peintre ? Dans les papiers de Georges Mathieu, Cyril Duret a trouvé un ensemble de documents dont des cartes postales, des photographies ... Refusant la fétichisation, à partir de ces traces, il a fait acte de peinture. Il en a usé pour les mettre en devenir dans l'œil du visiteur. Qu'est-ce que peindre si ce n'est justement montrer le regard. Le jeune peintre s'inscrit volontairement par ce geste dans une histoire de l'art — celle de la pratique de la copie en particulier — mais il s'en détourne aussi et fait rupture en proposant une forme inédite d'archivage ; il abandonne la figure du de l'élève ; il propose par cette série une "reconstitution" ; désormais la photographie du paysage n'est plus photographie, le tracé du peintre n'est plus inscription, l'ensemble s'agence dans une matière picturale totale qui fait modestement mais assurément œuvre.
Philippe Artières
What is to be done with a painter’s archives? In Georges Mathieu’s files, Cyril Duret found a number of documents including postcards, photographs… Refusing fetishization and starting with these traces, he posits an act of painting. He uses them to make them become in the visitor’s eye. What is painting exactly if not showing the act of looking? By this gesture the young painter deliberately inserts himself into a history of art – in particular the history of copying – but he also breaks away from it by offering a new form of archiving : leaving behind the disciple’s figure, he wants this series to be a ‘reconstitution’; from now on the photography of the landscape won’t be a photograph, the painter’s line is not inscribed anymore, the whole set is arranged in a total pictorial stuff which modestly but assuredly claims to be art work.